Alcools québécois

Un entrepreneur inquiet

Le gouvernement Couillard tarde à déposer un projet de loi qui permettrait la vente de vin québécois en épicerie et à verser les sommes liées à l’aide à la commercialisation des bouteilles, si bien qu’un vigneron de la Rive-Sud n’est plus certain de continuer à planter des vignes.

Michel Robert, président de l’entreprise de transport Groupe Robert, possède avec sa famille le vignoble et la cidrerie Coteau Rougemont, en Montérégie. Depuis qu’il a démarré son vignoble en 2010, sa production annuelle est passée de 1000 à 100 000 bouteilles.

L’entrepreneur vient d’ajouter 50 000 nouveaux plants de vigne à son domaine. Il hésite maintenant à ajouter de nouvelles vignes en raison de l’incertitude quant à la possibilité de vendre ses vins en épicerie, ce que Québec promet pourtant d’autoriser depuis plus d’un an.

« On n’est pas capable de se développer, parce que l’on manque de points de vente. Ça devient difficile de justifier des investissements pour le long terme. »

— Michel Robert

« On a tous des décisions d’affaires à prendre, dit M. Robert en entrevue. Avec le projet de loi qui tarde, ça vient nous mettre des doutes. Si tu as 100 000 $ à investir, est-ce que tu l’investis pour planter des vignes ou des pommiers ? »

Coteau Rougemont écoule plus de la moitié de sa production dans les succursales de la Société des alcools (SAQ). S’il obtient la permission de vendre son vin dans les épiceries et de recevoir les mêmes subventions qu’à la SAQ, il compte changer sa stratégie d’affaires. Il planterait plus de vignes, mais surtout, ses vins pourraient se retrouver dans plus de 1000 points de vente, comme les dépanneurs.

AIDE À LA COMMERCIALISATION

Le retard de Québec à légiférer sur le commerce du vin n’est pas la seule inquiétude de Michel Robert. Depuis le 31 mars, les vignerons n’ont pas reçu les sommes accordées dans le cadre du Programme d’appui à la promotion des alcools du Québec (PAPAQ). Ce programme permet aux vignerons de récupérer près de 18 % du prix de leurs vins vendus à la SAQ.

Pour le Coteau Rougemont, cette somme totalise près de 75 000 $. Pour d’autres, comme le Domaine Saint-Jacques, la somme est encore plus élevée.

Le PAPAQ relève du cabinet du ministre de l’Agriculture, Pierre Paradis. Son bureau a dirigé La Presse vers le ministère des Finances. Au bureau du ministre Carlos Leitao, on assure que le dossier relève du ministre de l’Agriculture et que le paiement de juin aurait dû être fait.

« Je ne sais pas pourquoi le ministre dit d’appeler chez nous, dit l’attachée de presse de Carlos Leitao, Nathalie Roberge. C’est son dossier. »

POUR UNE BOUTEILLE DE VIN DU QUÉBEC VENDUE 18 $ À LA SAQ (TAXES INCLUSES)

Prix total payé par le consommateur : 18 $

Taxes : 2,35 $

Marge de la SAQ : 7,99 $

Prix payé par la SAQ au producteur : 7,66 $

Grâce au PAPAQ, le vigneron touche une somme supplémentaire de 18 % du prix de la bouteille, incluant les taxes, soit 3,24 $, et 2 $ de plus si le vin est certifié, pour un total de 5,24 $.

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